Cancer de L’anus
Chimioradiothérapie des carcinomes épidermoïdes du canal anal : traitement standard et enjeux actuels
Chemo-Radiotherapy for Anal Squamous Cell Carcinomas: Standard Treatment and Current Challenges
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Service d’oncologie–radiothérapie, hôpital Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux, avenue Magellan, F-33604 Pessac, France
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Inserm U1035, université de Bordeaux, 146, rue Léo-Saignat, F-33000 Bordeaux, France
* e-mail : veronique.vendrely@chu-bordeaux.fr
Le cancer du canal anal est une pathologie rare mais d’incidence croissante. L’atteinte métastatique au diagnostic est peu fréquente (< 10 %). Le traitement des formes non métastatiques repose sur une chimioradiothérapie exclusive à visée curative, la chirurgie étant réservée aux rechutes locorégionales. D’allure inchangée depuis les années 1980, cette stratégie thérapeutique a pourtant bénéficié des avancées techniques majeures en radiothérapie et en imagerie, ainsi que d’une amélioration de la prise en charge des toxicités induites par les traitements. Des résultats excellents sont observés pour les petites tumeurs T1-T2, N0, avec une survie d’environ 80 %à cinq ans et un très bon contrôle local, faisant envisager des stratégies de désescalade thérapeutique. Ces résultats contrastent avec ceux obtenus pour des stades plus évolués (T3-T4 ou N+), avec jusqu’à 30–40 % de récidives locorégionales ou à distance. De précédents essais d’intensification thérapeutique avec escalade de dose d’irradiation ou modification du traitement systémique n’ont pas montré de supériorité. Les études actuelles s’intéressent à l’adjonction de thérapies ciblées ainsi qu’aux immunothérapies. L’un des espoirs futurs serait de mieux stratifier les patients, dans une optique de médecine personnalisée. À cet égard, de nouveaux domaines d’étude tels que le profilage moléculaire, la radiomique et l’intelligence artificielle pourraient devenir une aide intéressante afin de proposer en amont le traitement « optimal » à l’échelle individuelle.
Abstract
Anal squamous cell carcinoma is an uncommon yet rising cancer worldwide. Metastatic extension at diagnosis is scarce (< 10%). Definitive chemo-radiation remains the best curative treatment option, surgery being saved for locoregional relapses. Seemingly unchanged since the 1980s, this therapeutic strategy has nonetheless benefited from major technical advances in radiotherapy and imaging, as well as an improvement in treatment-induced toxicities’ management. Excellent results are observed for small T1- T2, N0 tumors, with a 5-year 80% overall survival and great local control, justifying trials of therapeutic de-escalation. These outcomes contrast with those obtained for more advanced stages (T3-T4 or N+), with up to 30–40% of loco-regional or distant recurrences. Multiple intensification trials with radiation dose escalation or modification of systemic therapy have been conducted, without evidence of efficacy. Current studies are focusing on the addition of targeted therapies as well as immunotherapies. One of the future hopes would be to be able to better stratify patients. In this respect, new fields of study such as molecular profiling, radiomics and artificial intelligence could become helpful in order to assess upstream the “optimal” treatment on an individual scale.
Mots clés : Cancer du canal anal / Chimioradiothérapie / Papillomavirus / Amputation abdominopérinéale / RCMI / Médecine personnalisée
Key words: Anal cancer / Chemoradiotherapy / IMRT
© Lavoisier SAS 2020